Le sujet me brûle (normal, c'est à cause du sel !)

Les doses de sel sont de plus en plus importantes dans les sols dans beaucoup d'endroits. Alors un peu comme pour la résistance des végétaux aux métaux (phytoremédiation), je voudrais en savoir plus sur les mécanismes qui permettent une relative adaptation au sel, et quelles sont les plantes qui développent le plus de telles stratégies de défense ?
Pourquoi, direz vous, Phil se pose des questions métaphysiques ? simplement parce que je viens de recevoir ce mail :

"Bonjour,  
Je me présente, je suis Damien B. étudiant dans l’aménagement du paysage.
Je vous contacte car actuellement je travaille sur un thème qui est «  le sol et la plante ». Je m’intéresse tout particulièrement à l’adaptation de l’arbre au sel de mer.
En effet, cette situation a lieu sur la côte atlantique où un alignement de Platanes « baignent » dans l’eau de mer sans pour autant avoir une incidence sur le bon développement de ces êtres vivants.
Serait-il possible, de m’apporter des éléments de réponse à cette adaptation de l’arbre à son environnement.
Je vous remercie d’avance."
Cordialement
Quand je disais dans un autre post qu'il faudrait tôt ou tard trouver un botaniste distingué...

amitiés
Phil

ps : notre étudiant suit avidement ce post... je compte sur vous, à la fois sur vos expériences et témoignages, comme sur votre perspicacité

--Message edité par Phil_59 le 2006-10-12 08:59:21--

Une première piste, je viens de trouver ça :
http://www.forumlabo.com/2006/actus/actus/INRA/0603mecanisme.htm

Et puis il y a cette liste de plantes résistant aux embruns et au sel sur le site des Pépinières Filippi (34-Meze) :
http://perso.orange.fr/jardin-sec/plantes%20supportant%20le%20sel.htm
Cette liste ne dit pas quelle stratégie ces différentes plantes ont choisi. Inclusion ? exclusion ? autre ?

Dans tous les cas, on parlait jusqu'à présent de stockage du sel dans la plante dans des endroits qui ne l'empêchaient pas de vivre, à condition que le stock ne soit pas trop conséquent !
Mais maintenant, on semble parler de gênes capables de rejeter le sel hors de la plante...
La réponse (en dehors du fait qu'il faille tout faire pour éviter des accumulations de sel -comme pour le déverglaçage par exemple...) serait-elle dans le génie génétique ? ... si des plantes disposent de ces gênes, tant mieux pour elles, mais est-ce un cas rare ? ....tiens, revoilà les OGM qui pointent leur nez ...

Voilà également une liste intéressante, et sans doute pourrez vous réagir d'après vos expériences :
Essences tolérantes aux sels de voirie
Marronnier d’Inde (Aesculus hippcastanum)
Amélanchier du Canada (Amelanchier canadensis)
Ginkgo (Ginkgo biloba)
Févier inerme d’Amérique (Gleditsia triacanthos)
Tulipier d’Amérique (Liriodendron tulipifera)
Épinette du Colorado (Picea pungens glauca)
Pin des montagnes (Pinus mugho)
Pin noir d’Autriche (Pinus nigra)
Pin gris (Pinus banksiana)
Ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata)
Chêne blanc (Quercus alba)
Chêne rouge (Quercus rubra)
Chêne pédonculé (Quercus robur)
Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)

Essences modérément tolérantesaux sels de voirie
Érable du fleuve d’Amour (Acer ginnala)
Érable négondo (Acer negundo)
Bouleau jaune (Betula alleghaniensis)
Bouleau à papier (Betula papyrifera)
Frêne blanc d’Amérique (Fraxinus americana)
Peuplier à grandes dents (Populus grandidentata)
Peuplier faux-tremble (Populus tremuloides)
Peuplier deltoïde (Populus deltoides)
Cerisier tardif (Prunus serotina)
Sophora du Japon (Sophora japonica)
Thuya occidental (Thuja occidentalis)

Essences intolérantes aux sels de voirie
Sapin baumier (Abies balsamea)
Érable rouge (Acer rubrum)
Érable à sucre (Acer saccharum)
Érable argenté (Acer saccharinum)
Gainier rouge (Cercis canadensis)
Caryer oval (Carya ovata)
Noyer noir (Juglans nigra)
Ostryer de Virginie (Ostrya virginiana)
Épinette de Norvège (Picea abies)
Pin rouge (Pinus resinosa)
Pin blanc (Pinus strobus)
Pin d’Écosse (Pinus sylvestris)
Platane anglais (Platanus acerifolia)... Hébé.. Damien ! ils ne sont pas bien placés les platanes .... résisteront-ils à long terme les pieds dans l'eau de mer ??
Douglas taxifolié (Pseudotsuga menziesii)
Tilleul d’Amérique (Tilia americana)
Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata)
Pruche du Canada (Tsuga canadensis)
(source : ATC -association des Transports du Canada)

A vous lire, bises salées !

--Message edité par Phil_59 le 2006-10-12 11:10:13--

Ben il est où, l'autre étudiant botaniste?? Bulbi, t'es caché où? On va être obligés de se cotiser pour lui offrir une connexion à Lille... Pffff !

Ceci mis à part, moi y'en a rien savoir des histoires botaniques salées... L'océan est assez loin d'ici pour l'instant mais si ça monte vite, on aura d'assez belles plages en Limousin...

Je sors...

MArkot

suite à une erreur dûe à une mauvaise compréhension d'un étiquetage en germain par un étudiant marocain, Na EDTA au lieu de Fe EDTA dans une solution hydroponique de culture de betterave (Beta maritima), j'ai vu du sel excrété sur les limbes des feuilles... c'était zouli tout plein... Mais la betterave est une plante de bord de mer (la dernière "sauvage" que j'ai vue, c'était à Dives sur mer, entre le port et la Dives, côté Cabourg), alors  forcément un peu halophyte...

--Message edité par Lepineux le 2006-10-12 20:42:32--

Voilà un cas intéressant d'exsudation !
mais comme tu le dis, cette plante a des prédispositions halophytes... Pour le cas de ces platanes en bord de mer qui pompent de l'eau salée, ce genre n'étant pas halophyte, ils ne peuvent pas pomper l'eau sans le sel tout de même ?

PS : en parcourant le net sur le déssalage d'eau de mer, je suis tombé sur ça :"Presque tous les oiseaux marins ont des narines tubulaires qui leur permettent d'avaler l'eau salée,de séparer le sel de l'eau et de produire l'eau douce qu'ils boivent ensuite" -Comme quoi on est étonné chaque jour !

--Message edité par Phil_59 le 2006-10-13 07:33:21--

Salut Phil,
Je ne travaille pas dans la voirie, mais ta liste de plantes résistantes aux sels de déneigement est très intéressante.
Pour l'instant et ce depuis 26 ans, j'utilise ce sel sur les marches qui mènent à la maison. certes je dois en mettre moins que sur les voiries et je n'ai encore aucun déboire sur les plantes qui la bordent. Conifères divers, rosiers, nepetas, bulbes, cyclamens, gypsophile, Hellebore, Euonymus...
Je sais, je sais, ce n'est pas très écolo. M'enfin, le matin au réveil, avant les consultations, j'ai pas envie dans l'obscurité de me mettre à racler d'autant qu'il me faudrait recommencer une heure après.
La seule chose qui en souffre ce sont les joins de ciment .

Par contre pour avoir travailler deux ans à Giens dans le Var au bord de mer, je peux dire que les mimosas, les pins parasols, les fragons, les tamaris, les lys des sables (ne me demande pas lequel c'est, je ne sais pas)  résistent les pieds dans le sable salé. Ah! j'oubliais les lauriers roses, Nerium oleander, carrément les pieds dans l'eau saumâtre une bonne partie de l'année? Peut-être que dans mes souvenirs m'en reviendra-t-il d'autres.

Et ta rubrique m'intéresse aussi question embruns car nous venons d'acquérir une maison en Bretagne. Un peu en hauteur donc bien exposé aux vents mais un peu à l'intérieur des terres quand même. Je me suis toujours surprise à constater qu'en Bretagne s'ils ont de très beau pommiers, les cerisiers et tous les prunus à fleurs souffrent terriblement. Mais n'est-ce qu'une question de sel ? Sur le terrain, trois peupliers d'Italie magnifiques, des chênes pédonculés, des cyprès, des pommiers bien-sûr, tout ce beau monde en parfaire santé.

Suivrais de près ton post pour les futures plantations.

Amitiés
Lidine

--Message edité par Lidine le 2006-11-07 14:28:18--

A propos du sel que l'on retrouve de plus en plus dans le sol. Dans le post La prairie j'ai avancé quelque chose que j'avais lu au sujet du carbone végétal. Si le sel devient un problème, ce n'est peut-être pas seulement à cause du sel que l'on répend sur les voiries mais peut-être aussi (je l'ai dis, je ne suis pas chimiste) parce que beaucoup de m.. que l'on répend sur les sols se transforme en sel et comme les sols s'appauvrissent de plus en plus (voir site de Kokopeli) ce sel est directement disponible aux plantes qui n'en n'ont pas besoin. La recette serait peut-être de restituer au sol son carbone. Il restructure les agrégats et emmagasine les sels et autres poisons néfastes qui non seulement atteindront moins vite les nappes phréatiques mais ne seront pas directement assimilable par les plantes. Enfin me semble-t-il. Vous pouvez toujours écouter ceci : http://www.canalu.fr/canalu/chainev2/utls/programme/234_la_chimie_des_sols/ Cliquez sur "voir la conférence" et sur chaque chapitre. L'université de tous les savoir est accessible à tous en grattant un peu dans nos souvenirs scolaires. Markot attention : peut-être trop lourd, à toi de voir.

A propos Phil. Tu sais les botanistes, j'en fréquente parmi les Amis du Jardin botanique de Strasbourg, et je me suis rendue compte comme avec les enthomologistes que chacun a sa spécialité. Aussi, n'est-ce pas un botaniste qu'il nous faudrait mais plusieurs. D'autant que la botanique (d'où le combat de Jean Marie Pelt) ne s'enseigne plus dans les facultés de France. Il faut aller en Allemagne par exemple.

"Scientifiquement vôtre"

Lidine

Si je dis de grosses bêtises, mon message peut être supprimé...

Je ne suis pas botaniste, hélas, mais ne dit-on pas que dans le pays chauds (déserts, îles du sud...) qu'il faut boire saler, ne donnet-on pas de l'eau salée aux personnes déshydratées ?

Le sel n'agirait-il pas pour empêcher la déshydratation des arbres ?

vous choissisez un gros rond-point le long d'une route bien fréquentée dans une contrée neigeuse où la voirie sale la route dès que la neige arrive et vous plantez et vous observez...

Le Crambe maritima supporte le sel, par exemple...je suggère que toutes les 'maritima' du monde sont adéquates.

Je sais, je m'en tire avec une pirouette

Quintie

Tu n'es pas le seul à y avoir pensé mais j'ai pas osé en parler

Phil,

en fait, ces platanes qui baignent dans l'eau de mer, ils baignent ou ils se baignent dans l'eau de mer.

Si ils se baignaient, je serais rudement content, parce que enfin nous aurions la preuve définitive que les végétaux se déplacent   (et de un), que nous pourrions dépoussièrer un peu la classification qui fait que l'homme est tout en haut de la chaîne, les singes juste derrière et les salades avec tous les autres végétaux de l'autre côté, entre autre parce qu'ils ne se déplacent pas (seul les jardiniers croient aux plantes   )...et qu'ils cultivent le silence, ce que personnement sans être trop misanthrope, je peux comprendre   (A l'époque, la mobilité semblait être un critère majeure d'intelligence, ou d'aboutissement dans l'évolution, qu'en est-il aujourd'hui?)

L'homme a une âme
Les animaux, un instinct, ils hurlent aussi, ou sifflent selon...
et les plantes n'ont qu'à se faire brouter...et écouter le vent siffler dans leur branche (décidèment les salades n'ont pas de chance)

Mais où est passé notre étudiant , qu'il rafraîchisse mes pâles connaissances et nous dise si ces platanes baignent ou se baignent dans l'eau de mer

Quintie curieux par ce dimanche de bise mortelle

disparu... plus de nouvelles ! je ne sais pas ce qu'il a pu mettre sur sa copie !

Phil,   si ces platanes se baignent dans l'océan, il faut absolument les retenir et leurs proposer de rendre visite à Clément. Voilà qu'il sera heureux, notre jardinier, il saura leurs proposer un jardin à la hauteur de leur talent...

Qui me répondra...du mépris que la plupart des hommes ont pour les plantes? pas notre étudiant, en tous les cas, il faudra un concile de Chinois confucéens pour statuer sur cette gravisssime question.

Quintie

nous n'allons tout de même pas livrer un travail  à la place de notre étudiant...dire que nous étions suivi par un étudiant et que nous nous sommes donnés toute cette peine pour des prunes: le schlopet!

me parlez pas du comportement des étudiants d'aujourd'hui mon bon monsieur...