Abréviation

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Page d'aide sur l'homonymie Pour les abréviations du solfège, voir Abréviation (solfège)

Une abréviation (du latin brevis, en français : « court », abrégé en « Abr. ») est le raccourcissement d'un mot ou d'un groupe de mots, représentés alors par une lettre ou un groupe de lettres issus de ce mot. L'abréviation consiste donc toujours en une suppression, plus ou moins importante. Par exemple, « c'est-à-dire » peut s'abréger en « c.-à-d. », etc. Il existe plusieurs méthodes pour abréger des groupes de mots, dont les plus courantes sont la siglaison et l'acronymie. Le point autre que celui de fin de phrase est souvent l'indice d'une abréviation. Il s'utilise quand la dernière lettre du mot abrégé est elle aussi supprimée : « monsieur » s'abrège en « M. » et « maître » en « Me » (« e » étant bien la dernière lettre du mot). Si l'abréviation finit la phrase, le point abréviatif et le point final se confondent. À noter également qu'en français, le mot abréviation ne contient qu'un seul b alors qu'il y en a deux en anglais (abbreviation).

Sommaire

[modifier] Abréviations médiévales

Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas parce que le parchemin coûtait cher au Moyen-Age que les abréviations abondent dans les manuscrits occidentaux, surtout après le haut Moyen Âge. En attestent les larges marges inutilisées[1] dans les documents médiévaux qui auraient été remplies si le souci d'économie de parchemin était primordial. Il semble plutôt que l'abréviation soit la façon normale d'écrire. Par leur ressemblance et la persistance de leur usage, les abréviations sont la poursuite et l'aboutissement des abréviations antiques. Les abréviations médiévales peuvent être de plusieurs natures :

Exemples : ihs xpsIesus Christos (« Jésus-Christ ») ; l'on trouve fréquemment un mélange de lettres latines et grecques dans les nomina sacra : h, x et p sont des adaptations des lettres onciales Grec oncial h.png (η, ê), Grec oncial x.png (χ, ) et Grec oncial r.png (ρ, r) ; ompsomnipotens (« tout puissant »), etc. On utilise rarement la contraction pure en français car on lui préfère soit la contraction par lettre suscrite, soit la suspension (voir plus bas) ;
Cette méthode s'est particulièrement bien conservée dans nos usages. Qu'on songe à des abréviations modernes comme 1er, (et non  ; lire verso), Dr (Docteur), Mme, etc. En français, le point abréviatif ne peut suivre les contractions ;
Exemples : a.d.anno Domini, .n.enim (« en effet »), ēest (« [il / elle] est »), deb;debet (« [il / elle] doit »), etc.et cetera, dominūdominum (« Seigneur » accusatif), etc. Cette méthode d'abréviation est encore très vivace en français (cf., etc., M.) ;

Le paléographe est souvent confronté à une pléthore d'abréviations, rendues complexes par le fait qu'elles ne sont pas normalisées avant le XIIe siècle (elles forment ensuite un système cohérent) et qu'elles abondent entre le XIIIe et le XVe.

Le dictionnaire d'A. Capelli « Dizionario di abbreviature latini ed italiani », Milan, 1912, recense de très nombreuses abréviations médiévales latines. Vous pouvez le consulter sur les sites des universités de :

Quelques-unes des abréviations les plus significatives pour l'histoire de l'orthographe sont décrites ci-dessous.

[modifier] X (-us)

Dans les manuscrits médiévaux en ancien français, on trouve souvent la lettre x utilisée comme signe d'abréviation pour la suite de lettres -us après voyelle et en fin de mots, alors très fréquente. Par exemple, ce qui est écrit chevax doit être lu chevaus /ʧəvaus/, qui a évolué ensuite en /ʃəvo/ (par monophtongaison de [au] et simplification de l'affriquée /ʧ/). Cette habitude s'est ensuite perdue mais certains mots fréquents qui s'écrivaient au cas régime pluriel avec ce x (issu de plusieurs origines, dont la plus courante est la vocalisation d'un /l/ devant consonne suivi de la désinence -s) l'ont conservé alors que leur graphie a été adaptée aux usages actuels.

Le mot cheval se déclinait, en ancien français, ainsi :

Comme les formes à s'être conservées sont celles du cas régime, les plus fréquentes, l'on a actuellement le couple suivant : (un) cheval ~ (des) chevaus. On écrit cependant ce pluriel (comme dans nombre de noms en -al de même origine), -aux par réfection analogique : x n'étant plus compris comme un raccourci pour -us, étant une consonne par ailleurs souvent muette en fin de mots (croix, voix), on a ajouté un u après le a pour faire correspondre la prononciation [o] avec le digramme habituel au. De fait, l'orthographe chevaux est redondante puisqu'elle revient à chevauus. Une réforme utile, serait d'enfin écrire chevaus. (également applicable à tous les mots français en ux) [2]

L'utilisation de -x pour -us dans les manuscrits français est tellement courante que les éditions critiques et philologiques modernes la reproduisent le plus souvent. L'influence de cette graphie dans l'orthographe française explique aussi le maintien de cet usage.

Le terme -us était parfois abrégé par un 9 placé en exposant à la fin du mot, par exemple 9-expo.gif (plus).

[modifier] L'usage du tilde, des lettres barrées et de la cédille

Exemple de texte réalisé avec la fonte 1550.ttf, à l'imitation des livres imprimés au milieu du XVIe siècle

Les moines copistes puis les premiers imprimeurs ont utilisé le tilde, essentiellement sur les voyelles, pour abréger certains groupes de lettres. Ainsi :

Certaines lettres barrées servaient aussi d'abréviations :

À noter enfin les rares :

Ces abréviations, très courantes jusqu'au milieu du XVIe siècle, ont disparu progressivement. Les voyelles tildées ont toutefois perduré jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

[modifier] Symboles abréviatifs préservés dans les écritures modernes

Parmi les nombreux symboles issus de ligatures ou de signes diacrités que l'on utilisait dans les manuscrits, certains se sont maintenus dans les écritures modernes. Les plus importants, étant maintenant intégrés dans quasiment toutes les langues et leurs écritures sont le point d'exclamation ("!", abréviation de interjectio) et le point d'interrogation ("?", abréviation de questio). On peut aussi compter à ce titre l'esperluette ("&", ligature de et) ainsi que le croisillon ("#", abréviation de numerus, « numéro », soit N surmonté d'un titulus).

[modifier] Typologie des systèmes abréviatifs

[modifier] Typographie et abréviations

Les abréviations doivent être définies avant d'être utilisées, soit en note de bas de page à la première occurrence, soit en préface ou postface.

Les abréviations sont habituellement composées de l'initiale du mot abrégé (et éventuellement d'une ou deux lettres suivantes) suivie d'un point.

Les abréviations de mots composés doivent respecter les tirets et espaces qui séparent ces mots. Les déterminants ne s'abrègent pas. Le tiret et l'espace doivent être insécables afin de ne pas risquer de retour à la ligne dans une abréviation.

Lorsqu'une phrase se termine par une abréviation, on ne doit pas répéter le point final.

Il ne faut pas séparer les lettres abréviatives avec la barre de division.

Lorsque plusieurs mots ou groupes de mots commençant par les mêmes lettres doivent être abrégés dans le même texte, il est nécessaire d'ajouter des lettres afin de les distinguer. Par exemple :

[modifier] Notes et références

  1. En consultant les manuscrits hébergés sur Gallica, on peut constater que dans nombre d'entre eux, plus de 50% de la surface des pages n'était pas écrite.
  2. Explication de Bernard Cerquiglini en images

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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